Pertinence et efficience des dépenses de radiologie
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Yann-Gaël Amghar, Pierre-Louis Bras, Cloé Chapelet, Dr Emmanuelle Michaud (Igas), François Auvigne, Thomas Cargill, Jeanne Mazière, Gauthier Jacquemin, avec la contribution d’Adrien Hairault et Fantine Joannes (IGF)
Le rapport conjoint Igas-IGF dresse un état des lieux du secteur de la radiologie diagnostique et interventionnelle, en ville et à hôpital, réalisée par des radiologues :
- 60% de l’activité est portée par la radiologie conventionnelle, bien qu’en baisse par substitution progressive par l’imagerie en coupe (EML) ;
- La forte hausse des EML (+ 20% pour les scanners et +31% pour les IRM depuis 2019), en partie expliquée par la récente réforme des autorisations ;
- 60% des dépenses sont liées à des examens d’imagerie en coupe (5,9Md€ de remboursements annuels, dont 1,7Md€ de forfaits techniques) ;
- Le bilan de la maitrise médicalisée est mitigé, malgré de nombreuses recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé.
Des rémunérations relativement élevées mais des disparités territoriales fortes
Le rapport met en lumière :
- Des disparités territoriales fortes : un rapport de 1 à 4 pour la densité des scanners et de 1 à 8 pour les IRM, des taux de recours hétérogènes et une concentration particulièrement importante de radiologues en région parisienne ;
- Une rémunération des radiologues 2 fois supérieure à celle des autres médecins spécialistes ;
- Un écart de rémunération entre radiologues libéraux et hospitaliers qui nuit à l’attractivité de l’hôpital et alimente la hausse du recours à la téléradiologie, en particulier sur les horaires de permanence des soins ;
- Une surcompensation des investissements par le forfait technique et des perspectives de forte hausse de productivité via l’IA qui commence à attirer des financeurs en raison de la forte rentabilité (11%) du secteur.
Des propositions ambitieuses visant à repenser la régulation
- Réguler les installations d’équipements sur la base d’indicateurs de densité et d’accessibilité définis nationalement ;
- Réguler les prix par une convergence de la rémunération des radiologues vers la moyenne des spécialistes, via :
- La baisse de la valeur des actes CCAM ;
- La réduction du montant du forfait technique ;
- La maitrise des effets pervers des modalités de tarification du forfait technique ;
- Sortir la radiologie du cadre conventionnel et doter l’Uncam d’un pouvoir unilatéral d’évolution de la nomenclature des EML et des forfaits techniques ;
- Limiter l’accès au secteur 2 des radiologues pour éviter la hausse des dépassements d’honoraires.
La mission estime des économies potentielles à hauteur de 500M€/an.