Évaluation de la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens :

Pour une future stratégie « zéro exposition aux perturbateurs endocriniens »

Publié le | Temps de lecture : 2 minutes

Nicolas Durand, Olivier Laboux, Sacha Reingewirtz , avec la contribution d’Inès Khoun (Igas), Emilie Rasooly et Frédéric Saudubray (IGEDD)


Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui, en dérèglant la fonction hormonale des organismes vivants, peuvent affecter la santé humaine (cancers, troubles du neurodéveloppement, infertilité…), parfois sur plusieurs générations. Ils ont également un impact sur la santé des écosystèmes (faune, biodiversité...). 

On les retrouve dans de nombreux objets et produits de la vie courante et professionnelle (produits ménagers, détergents, produits phytosanitaires, cosmétiques, aliments, etc.) et, de ce fait, également dans les milieux aquatiques, l’air et les sols.

Dans le prolongement d’une première stratégie lancée en 2014, une deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (« SNPE2 ») a été adoptée en 2019, avec pour ambition de réduire l’exposition de la population et de l’environnement aux PE. Son plan d’action comporte cinquante actions regroupées en trois volets : Former et informer, Protéger la population et l’environnement et Améliorer les connaissances.

Un bilan modeste malgré certaines avancées 

Au terme de six mois d’investigations (près de 300 personnes entendues, déplacements dans plusieurs régions et à Bruxelles…), la mission conjointe de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) dresse un bilan mitigé de la SNPE2.  Des avancées ont été faites (notamment en matière de réglementation, de recherche et d’information des futurs et jeunes parents), mais elles restent bien en deçà des objectifs fixés en 2019, surtout en ce qui concerne les contrôles et la réduction des émissions. Les lacunes du dispositif de surveillance et le manque de suivi des indicateurs de la SNPE2 ne permettent pas d’apprécier l’atteinte – ou non – de son objectif premier : réduire l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens.

Revoir la gouvernance, le format et le contenu de la prochaine stratégie

Compte tenu des risques que les PE font peser sur la santé humaine et celle des écosystèmes, la mission recommande de poursuivre les efforts engagés depuis dix ans et de lancer une 3e édition de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (« SNPE3 »), à condition d’en revoir profondément la gouvernance, le format et le contenu. La SNPE3 doit fixer un objectif ambitieux pour les quinze prochaines années (« Zéro exposition aux PE »), avec une coordination interministérielle renforcée et un portage politique au plus haut niveau. Cette stratégie doit être assortie de plans d’actions quinquennaux, ciblés sur un nombre restreint d’objectifs et dotés d’un budget spécifique