Tensions sur les effectifs et compétences dans l'industrie et dispositifs de formation associés

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Laurent Vilboeuf (Igas), Jean Delpech De Saint Guilhem (IGÉSR), Aude Costa De Beauregard, Lucile Waquet-Airy (IGF) sous la supervision de Pierre Hanotaux (IGF) et Federico Berera (IGÉSR)


Alors que le pays s’engage depuis quelques années dans un mouvement de réindustrialisation, les tensions sur un large spectre de métiers industriels liés à France 2030 restent à un niveau très élevé, notamment pour les techniciens de maintenance et les ouvriers qualifiés, fonctions qui irriguent toutes les filières de production. Même si d’un point de vue quantitatif, la somme des publics en formation (jeunes en formation initiale, demandeurs d’emploi, publics en transition professionnelle, etc.) devrait permettre de couvrir les besoins en emplois nouveaux, que la mission d’inspection a estimé à environ 40 000, les tensions sur les métiers restent à leur niveau le plus élevé.

Il existe en effet une forte déperdition à l'issue des formations de tous niveaux menant aux métiers de l’industrie. Les apprentis, élèves et étudiants s’orientent vers d’autres débouchés. Les décalages entre l'offre de formation du bassin d'emploi et la demande des entreprises, le peu de mobilité géographique des personnes, l'insuffisante adéquation des flux d’individus en formation aux niveaux de qualification déficitaires, expliquent cette déperdition.

Mais l’image dégradée de l’industrie reste encore aujourd’hui le facteur déterminant, responsable de ce constat. Certes les programmes de découverte des métiers, le programme Avenir(s), la première campagne de communication inter-industrie menée par l’opérateur OPCO 2I, même si celle-ci reste notoirement insuffisante, peuvent changer cette image. Il faut penser à long terme, transformer la perception des métiers manuels et technologiques.

Le rapport propose d’introduire un enseignement de science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) dès le primaire, à l’instar des pays asiatiques et anglo-saxons. Elle alerte également sur la nécessité de continuer à revaloriser le lycée professionnel, soutenir l’apprentissage notamment au niveau 4 et porter une attention particulière sur les enseignants ou formateurs pour garantir leur recrutement et leur formation continue.

Face à la superposition peu lisible des instances de connaissance et de pilotage des besoins en compétences industrielles, le rapport plaide, enfin, pour la nomination sur une durée déterminée d’une personnalité qualifiée. Sa mission serait d’inciter au dialogue les acteurs nationaux, régionaux, professionnels sur des outils de diagnostic, sur des instances de décision communes, en matière de formation initiale ou continue, sur les grands projets liés à France 2030 comme sur la réindustrialisation générale du pays.