La pédiatrie et l’organisation des soins de santé de l’enfant en France
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E. Fauchier-Magnan, Pr. B. Fenoll (Igas), avec le concours de la Pr. B. Chabrol
Le ministre des solidarités et de la santé a saisi l’Igas d’une mission d’évaluation de l’organisation des soins de santé de l’enfant en France.
Ce rapport dresse un panorama préoccupant des professions en charge de la santé de l’enfant : crise des différentes composantes de la médecine de l’enfant en ville (pédiatrie libérale, PMI et médecine scolaire), notamment du fait de leur démographie (44% des pédiatres libéraux ont plus de 60 ans) et de leur répartition inégale sur le territoire (8 départements comptent moins d’un pédiatre pour 100 000 habitants) ; rôle croissant des médecins généralistes, inégalement formés à la médecine de l’enfant ; perte d’attractivité de la pédiatrie et de la chirurgie pédiatrique à l’hôpital ; mobilisation et valorisation insuffisantes des compétences des professionnels paramédicaux (infirmières puéricultrices, auxiliaires de puériculture) ; difficultés de la pédopsychiatrie. La coordination des acteurs de santé de l’enfant reste un objectif insuffisamment concrétisé, notamment entre médecine de ville et hôpital.
Quant aux parents, ils n’identifient pas clairement le rôle de chacun et connaissent mal les dispositifs de suivi tels que les examens obligatoires de l’enfant ou le médecin traitant de l’enfant. Les modalités de prévention ne parviennent pas, sauf exception, à toucher l’ensemble des enfants, et les inégalités sociales et territoriales en santé restent marquées.
Ces constats ont conduit la mission à proposer un nouveau modèle de prise en charge des enfants pour répondre à l’ensemble de leurs besoins de santé, tout en valorisant et clarifiant le rôle de chaque acteur. Elle recommande notamment de :
- Développer l’exercice des infirmières puéricultrices en ville, en particulier en matière de prévention ;
- Repositionner les rôles respectifs des médecins généralistes et des pédiatres de ville, en renforçant le rôle de recours et d’expertise des pédiatres et en reconnaissant le rôle des médecins généralistes parallèlement au renforcement de leur formation dans ce domaine ;
- Recentrer la pédiatrie hospitalière et la chirurgie pédiatrique sur un rôle de recours et améliorer l’attractivité des professions médicales et paramédicales de l’enfant à l’hôpital ;
- Généraliser les coopérations territoriales pour organiser des parcours de soins pédiatriques et garantir ainsi le suivi de l’ensemble des enfants.