La filière visuelle : modes d’exercice, pratiques professionnelles et formation

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J-R. Jourdan, L-C. Viossat et F. Zantman (Igas) – S. Elshoud (IGéSR) - Avec la contribution du Pr C. Burillon


Alors que l’option de prise en charge complète des frais d’optique (formule « 100 % santé ») est entrée vigueur au début de l’année 2020, l’organisation des soins de la filière visuelle, avec ses quelque 6 000 ophtalmologistes, 5 000 orthoptistes et 40 000 opticiens-lunetiers, présente, malgré ses capacités réelles d’innovation, des caractéristiques encore peu satisfaisantes : les délais d’accès aux soins restent longs pour des troubles très répandus dans la population (les troubles de la vision touchent 35% des adolescents et 70% des adultes) avec, de manière singulière en Europe, un passage systématique par l’ophtalmologiste, même pour les troubles simples de la réfraction ; le dépistage demeure insuffisant et inégal ; la réforme des formations encore incomplète.

Faisant suite à une série de mesures décidées depuis une vingtaine d’années, le rapport conjoint de l’Igas et de l’IGéSR, élaboré à la demande des ministres de la santé et de l’enseignement supérieur, énonce 28 nouvelles propositions pragmatiques visant à raccourcir, à l’horizon de deux ou trois ans, les délais d’accès à la prescription de verres correcteurs et à moderniser les formations au niveau de la licence et du master, en cohérence avec l’évolution des métiers.

Il s’agit en particulier de :

  • Soutenir la démographie des ophtalmologistes et favoriser le développement des équipes de soins pluri-professionnelles ;
  • Elargir le rôle des opticiens-lunetiers et des orthoptistes dans le dépistage et dans le traitement des troubles simples de la réfraction (pour le renouvellement ou l’adaptation des verres correcteurs) et, s’agissant des orthoptistes, sous supervision médicale, d’accroître leur rôle dans la prise en charge de patients dont la pathologie est stabilisée ; si les délais de prise de rendez-vous ne baissent pas significativement d’ici deux ans, la mission préconise d’autoriser la primo-prescription des verres correcteurs par les opticiens-lunetiers et les orthoptistes pour les jeunes adultes ayant une faible correction de la vision, comme cela se fait dans d’autres pays européens ;
  • Mettre en œuvre une « pratique avancée », inspirée de ce qui est en vigueur pour les infirmiers, donc sous supervision médicale, pour contribuer à la prise en charge de pathologies plus complexes ;
  • Créer pour les professionnels para-médicaux une licence de santé visuelle, dans le cadre d’une expérimentation, avec deux parcours (orthoptie et optique de santé), ainsi qu’un dispositif de passerelle pour les opticiens-lunetiers en exercice ;
  • Créer un master de pratique avancée en santé visuelle, ouvert aux orthoptistes et aux opticiens-lunetiers.

Le rapport
Les annexes